Le deuil sera fait
“Le deuil sera fait, j’imagine, lorsque nous aurons retraversé sans le mort toutes les situations vécues une première fois avec lui, lorsque nous aurons revu tous les lieux connus en sa compagnie, et rencontré l’odeur de l’arbre à papillons qu’il aimait, et ramé de nouveau dans la baie, et soufflé dans un cor de chasse à la fenêtre d’un appartement angevin, et cassé un mur à la masse, et gratté un rythme de valse sur une petite guitare espagnole…, lorsque donc nous aurons parcouru de long en large le monde sans lui et revécu seul nos aventures communes. C’est aussi bien pourquoi le deuil ne sera jamais fait et pourquoi je hais cette expression stupide qui laisse entendre que celui-ci est un travail dont nous viendrions à bout comme de tout labeur avec un peu de bonne volonté et d’application.”
C’était hier dans L’Autofictif, le blog d’Éric Chevillard.