Putain, putain, putain !


C’est une drôle de scène à laquelle j’ai assisté l’autre jour dans le TGV.

À quelques rangées de moi, une demi-heure après le départ de Paris, j’entends monter des jurons, à intervalles réguliers : “Putain ! Non, mais c’est pas possible ! Putain, putain, putain !” Et ça dure comme ça, sporadiquement, pendant un bon moment.
C’est un monsieur habillé en jeune cadre branché, assis tout seul, qui tempête devant son écran d’ordinateur. Tout le wagon jette des regards étonnés (“qu’est-ce qui lui prend ?”), inquiets (“est-ce qu’il va nous faire une crise de nerfs en direct ?”) ou agacés (“il va un peu la boucler ce zozo énervé ?”).

Puis le gars se calme tout seul. Au bout d’un moment, il se lève et va se chercher une bière au wagon-bar. Et il s’endort.

Je me demande sur quelle galère informatique il était tombé ? Et quelle vie ultra-stressante il doit avoir, pour se lâcher comme ça en public, devant tout le monde ? Moi, ça m’arrive aussi de m’agacer dur, surtout quand mon ordinateur me fait des misères, mais quand il y a du monde, je la boucle, je n’ose pas gémir et rouspéter à voix haute. Si je le fais, c’est in petto.

Lui il assumait : très fort en affirmation de soi, peut-être un peu moins en gestion du stress…

Illustration : des fois on s’énerve trop, et on fait n’importe quoi (photographie d’Elliott Erwitt).