Regarde les voitures rouler…


Quand on est sur l’autoroute, et qu’on passe sous un pont, dans la campagne, on voit souvent un monsieur arrêté (je n’ai jamais vu de dames faisant ça, ou alors j’ai mal regardé) qui observe le flot des voitures.
Je me suis souvent demandé pourquoi ces gens se mettaient là à voir défiler les bagnoles : il y a tellement de choses plus intéressantes et plus belles à regarder.

Et puis l’autre jour, en faisant une ballade en vélo autour de Paris, je suis passé sur un pont qui enjambait une grosse autoroute (8 voies). J’ai repensé à mes interrogations métaphysiques sur les car-spotters *, et je me suis arrêté moi aussi, pour essayer de comprendre.

Eh bien, j’avoue que j’ai un peu compris ! Malgré le bruit et l’odeur, pas terribles, j’ai découvert que c’était un spectacle tout de même fascinant, ce flot lent (grâce à la perspective en surplomb, qui aplatit et ralentit) de voitures de toutes couleurs, qui circule avec fluidité et une certaine grâce, comme un grand troupeau en fuite.

Cela fait une bonne cible mouvante pour l’attention, comme on dit en méditation.
Bon, d’accord, il y a mieux dans la nature : les nuages, les vagues, la flamme du feu. Mais cet énorme flot de ferrailles qui se suivent, se dépassent, s’évitent (en principe), ça a quelque chose d’une fascinante harmonie inhumaine.

* Le carspotting, c’est comme le trainspotting, mais avec des voitures. Ce que c’est que le trainspotting ? Une ferrovipathie

Illustration : quand il y a beaucoup beaucoup de voitures, on peut carspotter avec des potes…