Forever young
L’autre nuit, j’ai rêvé de mon meilleur ami de jeunesse, mort il y a 20 ans sous mes yeux dans un accident, alors que nous faisions un grand voyage en moto.
Il était là, devant moi, absolument vivant. Et dans mon rêve, je me disais : mais non, tu rêves, il est mort. Alors je lui demandais: «Mais tu es mort, en vrai, n’est-ce pas ?» Et il me répondait oui. Mais on continuait à discuter tranquillement, comme si le fait qu’il soit mort ou non n’avait pas plus d’importance que l’endroit où il avait garé sa moto.
Et j’étais tout perturbé, avec des états d’âme dont je me souviens précisément : joie immense de le retrouver tel il était jadis, apaisement de me dire « bon, la mort n’arrête rien, finalement », et inquiétude sourde du moment où il allait à nouveau disparaître de mon rêve. Ce qu’il fit.
Trouble intense au réveil. Bonheur pourtant de l’avoir retrouvé sorti tout vivant d’un repli de mon cerveau. Ou d’ailleurs ?
Certains rêves sont plus bouleversants et plus nourrissants pour l’âme que bien des journées….
Illustration : Rémi, par Édouard Boubat.