Inquiétudes préhistoriques
Il m’est parfois arrivé de me demander si les hommes (et les femmes) préhistoriques étaient anxieux ? Ou s’ils avaient seulement des gros coups de peur ?
Est-ce qu’ils s’inquiétaient à l’avance, en se demandant s’ils trouveraient des fruits ou du gibier pour manger aujourd’hui, si le soleil se lèverait demain matin ou si le printemps finirait par revenir ? Ou est-ce que c’était seulement quand un ours s’approchait en grognant, ou des ennemis d’une autre tribu ?
Probablement qu’ils étaient déjà anxieux (inquiets que l’ours ne revienne, ou les ennemis). Ou du moins que certains d’entre eux l’étaient plus que les autres, et alertaient leurs copains quand des bruits inhabituels s’approchaient de leurs campements.
Mais finalement, on peut constater un recul (relatif) des occasions d’avoir peur (devant un danger actuel et présent) dans nos sociétés modernes : la peur du noir diminué par la lumière électrique dans les rues et les maisons ; la peur de l’eau diminuée par le fait que presque tout le monde sait nager ; etc.
Ce recul a laissé toute la place à l’anxiété, dont le starter est le sentiment d’incertitude (que va-t-il se passer ?) et de non-contrôle (pourrais-je faire face ?) sur les situations. Comme celle qui nous saisit quand on regarde des infos alarmantes à la télé, ou qu’on n’arrive plus à rétablir la connexion Internet sur son ordinateur.
Alors, ils faisaient comment, nos ancêtres ? Ils se rassuraient sans doute en se serrant les uns contre les autres, s’immergeaient dans l’instant présent en contemplant les flammes du foyer, imploraient leurs dieux, ou machouillaient du millepertuis…
Illustration du primitif Muzo, extraite de notre livre « Je dépasse mes peurs et mes angoisses », paru aux éditions Points.