L’amour ne suffit pas pour mettre un couple en joie
Quel boulot, la vie de couple !
Au début on croit que
le plus dur, c’est de trouver l’amour. Puis, on réalise que l’amour ne suffit
pas, qu’il faut aussi faire des efforts ! Et que les lois du couple ressemblent à celles de la créativité, vous
savez : « le génie, c’est 10% d’inspiration et 90% de
transpiration ». Et bien pour le couple, c’est pareil : 10% de
transports (amoureux) et 90% d’efforts (laborieux). Bon, les proportions
peuvent varier, mais ne comptez pas laisser tout le boulot au conjoint et à
l’amour, et vous en tirer avec moins de 50% d’efforts !
Hélas, hélas, un des problèmes que nous avons toutes et tous,
c’est que nous aimerions bien ne pas avoir à les conduire, ces efforts, nous
aimerions bien que notre couple carbure juste à l’amour et à l‘eau fraiche. C’est
vrai que la tendre propagande, belles histoires et jolies chansons, nous vendant l’évidence du grand amour est ancrée
très profondément dans nos petits cerveaux…
Alors ça, le
mythe du grand amour facile, on peut dire que ça aura donné du boulot aux
thérapeutes de couple ! J’en ai fait autrefois des thérapies de
couple : j’ai vite arrêté, car je ne connais rien de plus difficile, de
plus fatigant, stressant et frustrant pour un psychothérapeute.
Par contre, ça
m’a permis de comprendre tout un tas de règles passionnantes sur la vie à deux.
Par exemple,
que les conflits et les désaccords ne sont pas un problème. La différence entre
couples fonctionnels et couples dysfonctionnels ne se situe pas dans la
présence de crises, mais dans l’art de sortir des crises. La manière dont on
discute rapidement du désaccord, le souci de chercher une solution plutôt qu’un
coupable, la capacité à ne plus en reparler sans arrêt ensuite pour coincer
l’autre, c’est là que l’on peut voir si le couple a de l’avenir ou pas, en tant
que couple heureux en tout cas. Parce qu’on peut aussi rester en couple en se
faisant la guerre…
Une autre loi,
c’est celle du ratio de Losada (aujourd’hui contesté), du nom du chercheur qui a mis le premier en
évidence ce rapport de 3 pour 1 : l’équilibre émotionnel c’est 3 émotions
positives pour 1 émotion négative (inutile de viser le 100% d’émotions
positives). Et l’équilibre conjugal, c’est pareil : au moins 3 échanges
agréables pour un échange conflictuel. Prendre le temps de passer des bons
moments avec notre conjoint nous permettra ensuite de mieux nous embrouiller
avec lui ; mieux, au sens de « plus intelligemment », bien
sûr !
Je pourrais
continuer longtemps, car les règles, préceptes et recommandations sur le couple
sont innombrables, mais il me semble qu’il y en a une petite dernière qui vaut
la peine d’être rappelée : malgré tous ces efforts nécessaires, on
n’arrivera jamais à tout mettre à plat.
Il y a toujours
des parts bricolées et mal fichues dans un couple, des dissensions pas réglées,
des zones d’ombre pas clarifiées… C’est là que l’amour est précieux : il
sert à les recouvrir, à pardonner, à accepter. Mais quand il se retire, cet
amour, comme dans les divorces, les conjoints se demandent comment ils avaient bien
pu faire pour supporter tous les défauts de l’autre pendant des années ! Ça, c’est la part
irremplaçable de l’amour dans le couple. Et c’est pour cela que, même s’il ne
suffit pas, il faut tout de même qu’il soit là !
Et au fait, vous, vous en pensez quoi de la part d’amour nécessaire dans un couple ?
Illustration : en tout cas, faire la cuisine ensemble et se parler à table au lieu de regarder des écrans, c’est bon pour le couple…
PS : ce texte reprend ma chronique du 15 mai 2018, dans l’émission de mon ami Ali Rebehi, “Grand bien vous fasse“, tous les jours de 10h à 11h sur France Inter.