Ouf !
Et voilà !
Je suis enfin libéré de mon plâtre, et sacrément soulagé.
Bien sûr, ma main droite est gonflée, ankylosée, douloureuse. Rien de méchant, puisque que j’ai l’espoir que cela va doucement s’améliorer. Et quand bien même…
Ce matin, un ami avec qui je parlais de cette convalescence m’a raconté comment son épouse était hémiplégique depuis une vingtaine d’années, à la suite d’un accident vasculaire cérébral au décours de l’accouchement de leur troisième enfant. Elle vit depuis avec courage et énergie une existence aussi normale et heureuse que possible. Me voilà bien recalibré quant à l’importance de mes petites misères : je n’ai absolument pas à me plaindre, même avec ma main droite encore toute raide et bloquée.
Et puis ce petit accident m’a finalement beaucoup apporté :
– j’ai reçu beaucoup de gentillesse et de soutien, dont vos messages sur ce blog ;
– j’ai découvert les joies d’un logiciel de reconnaissance vocale, qui permet de tout dicter à son ordinateur (ce que je suis en train de faire à l’instant, les bras croisés, chaussé d’un casque de standardiste) ;
– j’ai admiré tout ce que ma main gauche était capable de faire ;
– j’ai pris conscience que j’étais, comme tout le monde, fragile ; cet accident était clairement lié à la fatigue, à la distraction, à l’énervement ;
– j’ai réalisé que j’avais beaucoup trop travaillé ces derniers temps ; et pire, que j’étais en train de devenir incohérent, et d’une certaine façon, menteur ; moi qui encourage à la pratique de la pleine conscience, du calme, de la lenteur, de la continuité, j’étais en train de m’en éloigner de plus en plus.
Alors, j’ai décidé, comme beaucoup d’entre vous me l’avez conseillé ici, de tirer les leçons de cet accident, et de ralentir.
Me casser la main m’aura poussé à lever le pied !
Pas si facile : c’est rassurant et gratifiant de dire oui à tout, ça permet d’être aimé et apprécié. Et c’est douloureux de dire non à des gens sympathiques, à des projets utiles, comme rédiger la préface d’un bon livre, donner une conférence pour une association méritante, ou aller faire une séance de dédicaces chez des libraires dont on apprécie le travail. Mais finalement, c’est de l’orgueil de croire qu’il y aurait que moi pour faire tout ça : en disant non, je serai remplacé, et tout sera parfait.
Donc, je vais aussi lever le pied sur ce blog, que j’alimenterai sans doute un peu moins souvent qu’auparavant (mais nettement plus souvent que durant ce mois de janvier !). Cela me permettra aussi de me remettre – tranquillement ! à l’écriture de mon prochain livre.
Voilà, désolé pour ce billet très autocentré, mais je vous devais bien quelques nouvelles. Merci beaucoup, encore une fois, pour tous vos messages de soutien. Et à bientôt pour de prochains partages.
Illustration : une belle étude de mains, par Albrecht Dürer (merci à Édith pour l’image et les lignes au verso).