Admiration


L’autre jour, je donnais une conférence sur les états d’âme dans la crypte d’une église. À la fin de la rencontre, les responsables de l’association qui m’a invité rangent les tables et les chaises.
Puis j’en vois quelques-uns qui visiblement s’apprêtent à passer la nuit sur place : leur groupe a établi une permanence, et ils se relaient à plusieurs, chaque nuit, pour rester dormir avec des SDF accueillis dans leurs locaux, en cet hiver de grand froid.
Pour avoir un peu fréquenté, comme soignant notamment, la population des SDF, je sais que ce genre de nuits, c’est rarement une partie de plaisir : entre ceux qui délirent, ceux qui ont trop bu, ceux qui sont suicidaires, ceux qui sont très très sales, ceux qui ne décrochent pas un mot tellement ils vont mal dans leur tête, c’est souvent un sacerdoce.
Du coup, moi à qui l’on vient de faire des compliments pour mon topo, je me sens comme un imposteur : ce n’est pas moi qu’il faut admirer, mais eux. Pourtant j’ai reçu en quelques instants de passage plus de félicitations qu’eux. Drôle de monde. Même si je sais qu’ils et elles ne font pas ça pour ça.
Consolation et déculpabilisation : la conférence, pour laquelle il y avait un petit droit d’entrée, aura rapporté de l’argent pour soutenir toutes ces actions bénévoles. Ouf, je vais arriver à dormir…