Basket et estime de soi


À l’anniversaire des 50 ans de mon ami Étienne, il y a quelques années. Grande foule de proches et d’amis dans son jardin, ce dimanche après-midi de printemps. Ses enfants lui ont organisé quelques épreuves, des tests d’aptitude pour “voir s’il est resté jeune”… Parmi celles-ci, figure une épreuve d’adresse : il doit essayer de marquer un panier de basket de dos, les yeux bandés.
Il se prête de bonne grâce à l’épreuve, pas du tout intimidé par les regards ni par les plaisanteries : il se tourne, se laisse masquer, et poum ! du premier coup marque le panier.
Tonnerre d’applaudissements, et les épreuves continuent pour lui. Assis sur l’herbe, je reste dans mon coin un instant, pour digérer l’événement : je suis perplexe et impressionné. Je sais qu’il joue parfois au basket dans le jardin avec ses fils. Mais tout de même ! C’est pour moi le panier de l’estime de soi (celle d’Étienne est haute et stable). Il a pris l’épreuve pour ce qu’elle était : un jeu, pas un examen critique où on allait juger sa valeur, son étoffe. Son bras ne tremblait pas, son cœur ne palpitait pas, mais il s’est tout de même concentré pour essayer, parce que ça l’amusait. Et ça a marché.
Je me souviens que nous en avons reparlé quelque temps après. Il était presque étonné que je m’étonne et que j’admire son geste tranquille. Pour lui, c’était un non-événement, juste un souvenir amusant, un coup de chance.
Mais non, ce n’était pas que de la chance. Je me suis souvenu alors de cette interview d’un sportif, lue je ne sais où. Ce devait être un joueur de tennis ou de golf, ou peut-être le buteur d’une équipe de rugby. Il disait en susbtance : «Plus je m’entraîne, plus j’ai de la chance.» Étienne est surentraîné en matière d’estime de soi : il se respecte et s’amuse des épreuves de la vie.