Café et cigarette


C’est lors d’une discussion, l’autre jour, avec une étudiante en psychologie venue assister à quelques consultations à Sainte-Anne. Comme un patient est en retard, je lui propose d’aller boire un café en l’attendant, pendant que je fais un peu de courrier. Elle me raconte alors qu’elle ne boit pas de café, et qu’elle ne fume pas non plus…
Devant ma tête un peu surprise par cette confidence, dont je ne saisis pas clairement le pourquoi, elle me précise alors : « Oui, pas de café ni de cigarette. Et je me suis aperçue que c’était un problème, parfois. Par exemple, dans mes stages, le moment où les buveurs de café vont en boire un, ou celui où les fumeurs sortent s’en griller une devant la porte, ce sont des moments de détente, de socialisation, de partage. Et moi, comme je n’aime ni le café ni la cigarette, je n’y participais pas, et je restais travailler. Jusqu’à ce que je comprenne. Et que je les accompagne, même pour ne pas fumer ou pour boire autre chose, même si je n’avais pas soif. J’ai compris que derrière ces petites addictions du quotidien, il y a aussi des rituels sociaux, des addictions aux bavardages, aux échanges informels. Et que c’était un truc important…. »
C’est drôle, effectivement, que nous n’arrivions pas à dire : « tiens, on se prend une petite pause pour aller un peu marcher, respirer dehors, bavarder quelques instants. » Et qu’il nous faille le prétexte d’une tasse de café ou de quelques bouffées de nicotine …

Illustration de l’excellent Xavier Gorce. Oui, les pauses-café, ça fait partie du boulot, c’est un des menus détails qui motivent et créent du lien, comme disent les consultants…