Entre deux abîmes

« Le passé est un abisme sans fond qui engloutit toutes les choses passagères ; et l’avenir un autre abisme qui nous est impénétrable ; l’un s’écoule continuellement dans l’autre ; l’avenir se décharge dans le passé en coulant par le présent ; nous sommes placés entre ces deux abismes et nous le sentons ; car nous sentons l’écoulement de l’avenir dans le passé ; cette sensation fait le présent au-dessus de l’abisme. »

Cette phrase de Pierre Nicole, théologien janséniste, m’a beaucoup secoué la première fois que je l’ai lue (dans le livre de Pascal Quignard, justement intitulé Abîmes). Et elle continue à chaque relecture, me rappelant cet abîme au-dessus duquel sont construites nos vies, et l’écoulement incessant du temps.

Puis, passé ce moment d’effroi, que faire ? Respirer, sourire. Prendre la douleur et la crainte. Accepter que cela soit ainsi, continuer de contempler régulièrement l’abîme. Et regarder aussi tout le reste…

Illustration : une belle image d’automne, envoyée par quelque ami dont je n’ai pas pensé à noter le nom, et que je remercie à l’aveuglette. C’est à l’automne que cette conscience de l’abîme est la plus forte en nous, bien sûr…

PS : l’ami s’est manifesté : merci Frédéric !