Faiblesses et fragilités


On cite souvent la formule de Nietzsche : “Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort”.

L’autre jour, une dame que je voyais en consultation à Sainte-Anne m’a appris que l’inverse était parfois vrai.

Après m’avoir raconté comment beaucoup d’épreuves dans sa vie l’avaient peu à peu usée et fragilisée, elle conclut : “Dans mon cas, ce qui ne m’a pas tuée m’a rendue plus faible.”

J’étais un peu ennuyé pour lui répondre, je n’aimais pas qu’elle puisse repartir avec cette idée dans la tête si je ne la discutais pas avec elle. Nous en avons bavardé un bon moment, et notre échange a porté sur la différence entre faiblesse et fragilité : je ne la trouvais pas du tout faible mais extrêmement fragile. Il y a dans l’idée de faiblesse un jugement moral, qui me semble moins peser dans la fragilité. Personnellement, quand je me sens faible, cela me décourage et me détourne de l’action. Quand je me sens fragile, cela ne me détourne pas d’agir, mais me pousse plutôt à la prudence et la conscience que je vais avoir besoin des autres.

J’espère que le message est bien passé pour elle…