Merci William


C’est lors d’une réunion de travail qui rassemble des administratifs et des médecins (dont je fais partie) : il s’agit de concevoir des programmes de formation destinés aux médecins généralistes, adaptés notamment à certaines directives ministérielles. Tout à coup, à propos de l’interprétation faite d’une de ces directives par un des non-médecins de la réunion, un de mes confrères s’énerve. Il s’énerve même assez fort ; je le regarde un peu surpris en me demandant s’il ne faut pas que j’intervienne pour le calmer. Mais je n’en ai pas le temps, il se calme tout seul, assez vite ; après, tout de même, que ça ait claqué assez fort. La session de travail se termine dans une ambiance un peu tendue…
Le lendemain, nous recevons tous le résumé de la réunion, établi par un des responsables. Il démarre de façon élégante et savoureuse :
« Je vous prie de bien vouloir trouver en pièce jointe le compte rendu de notre réunion d’hier. Je tiens à vous remercier pour votre présence et nos échanges passionnants et passionnés : “La passion s’accroît en raison des obstacles qu’on lui oppose”, écrivait William Shakespeare. »
C’est pas beau, ça ? J’adore cette convocation de Shakespeare pour recadrer nos escarmouches. C’est le genre de petit détail qui change tout : ça nous rappelle que c’est normal de se frictionner lorsqu’un sujet nous tient à cœur ; et ça nous rassure d’être éclairés par le grand William.