Mort et désolation à Bruxelles

Un de mes amis bruxellois à qui je demande de ses nouvelles après les attentats me répond :

“Pour moi-même, pas de problème, si ce n’est des ampoules à chaque pied : je me suis retrouvé coincé dans les transports lors des explosions, et je suis rentré chez moi à pied, plus d’une heure et demie de marche… Et surtout de la désolation : je pense à ces enfants qui vont rentrer de l’école et auxquels on devra annoncer “papa ou maman ne rentrera pas ce soir, on ne le verra plus“… Et aussi à ces gens qui, ayant pris les transports en commun pour réduire la pollution, vont devoir vivre en chaise roulante, aveugles ou sans mains. Des centaines de personnes vont souffrir d’acouphènes…”

Au milieu de cette tristesse et de cette désolation, son message m’émeut et me réconforte : ce qui domine chez lui, comme chez la plupart des humains face à ce drame et à tous les autres, c’est le souci de la souffrance d’autrui, l’empathie, la compassion, la fraternité.

Bienveillance et fraternité ne suffisent jamais à faire reculer la violence, surtout lorsqu’elle est méthodique, réfléchie, idéologique, obtuse. La justice, la police, l’éducation, la fermeté, le courage, la solidarité restent indispensables.

Mais la bienveillance et la fraternité sont les seules à même de freiner la diffusion des peurs et des haines réciproques, elles seules sont à même de préserver notre discernement, de ne pas ajouter de vaines colères, des ressentiments destructeurs et aveuglants, dans cet indispensable et délicieux “vivre ensemble” dont parlent les sociologues.

Que la la justice soit faite, mais que la fraternité soit un rempart contre tous les discours et tous les actes de haine…

Illustration : la version vêtue de L’Espérance, par Pierre Puvis de Chavannes.