Ne pas faire le malin avec la science
La dépression a toujours existé. On en retrouve des descriptions (on parlait autrefois de mélancolie ou de neurasthénie) à toutes les époques. Ainsi, le célèbre psychiatre français, Jean Étienne Dominique Esquirol, un toulousain qui devint médecin en chef de la maison royale des aliénés de Charenton, publiait en 1838, dans son traité “Des maladies mentales”, des portraits très précis de patients atteints de ces “passions tristes”. Pour qualifier ces états que nous nommons “dépressifs”, Esquirol parlait lui de “lypémanie”. Et en dressait, sur un total de 482 cas étudiés pour son ouvrage, la liste des causes présumées, dont la lecture devrait nous inciter à la modestie : les hypothèses scientifiques naissent et meurent souvent avec leur époque…
Causes de lypémanie (dépression) chez 482 patients du Docteur Esquirol en 1838
Hérédité : 110
Suppression des règles : 25
Temps critique : 40
Suite de couches : 35
Chute sur la tête : 10
Masturbation : 6
Libertinage : 30
Abus de vin : 19
Chagrins domestiques : 60
Revers de fortune, misère : 48
Amour contrarié : 42
Jalousie : 8
Frayeur : 19
Amour-propre blessé : 12
Colère : 18