Perpignan contre Montferrand


Toutes mes excuses à celles et ceux qui ne sont pas passionnés de rugby, nous allons encore en parler ici (je ne vous cache rien de mes obsessions…). Mais nous allons aussi, et surtout, parler de psychologie.

Samedi soir, l’équipe de Perpignan rencontre celle de Montferrand (ça ressemble aux paroles de la chanson de Charles Trénet) en finale du championnat de France de rugby (ce dont nous parlions lundi, c’était la finale du championnat d’Europe).

Ce sera sûrement un “gros” match, comme on dit, très engagé et indécis. Mais ce sera avant tout passionnant sur le plan psychologique. Imaginez un peu : Montferrand, une des meilleures équipes de ces dernières années, est déjà arrivé 10 fois en finale. Un exploit. Et à chaque fois, a perdu. Dix défaites en finale ! Un record. C’est du jamais vu, sans doute un record du monde, dont cette équipe se passerait bien.

Du coup, on parle de malédiction, de signe indien. De névrose d’échec, aussi. Et c’est vrai que beaucoup de ces défaites sont illogiques : souvent l’équipe jaune et bleue (les couleurs de Montferrand) est en train de dominer le match, et tout à coup, sous la pression de l’adversaire, se met à douter, à trembler et à “déjouer”, selon le jargon sportif. C’était arrivé par exemple il y a 2 ans face au Stade Toulousain, qui avait nettement battu des Montferrandais pourtant plus frais, et très favoris sur le papier. J’étais au Stade de France ce jour-là et j’avais vu les joueurs auvergnats peu à peu se déliter et perdre dans leur tête avant de perdre sur le terrain face à des Toulousains très malins et sûrs d’eux.

Alors, les Montferrandais détestent, bien sûr, qu’on parle de malédiction ou de névrose, et ils ont bien raison de souhaiter prendre le problème autrement. Ils pourraient bien y arriver cette fois-ci, d’ailleurs. Leur nouveau demi de mêlée, Morgan Parra, est un surdoué au fort caractère, qui a déjà remis plusieurs fois cette année son équipe dans le sens de la marche, alors qu’elle était à la rue. Arrivera-t-il à galvaniser ses partenaires pour la finale, et à les ramener au jeu et à l’instant présent, dans les moments difficiles où leurs esprits commenceront à douter, à trembler, et à quitter le match pour être aspirés dans les peurs de la défaite ?

Regardez cette rencontre, samedi soir, si vous aimez la densité psychologique du rugby et des sports d’équipe : cela pourrait bien ressembler à une tragédie antique…

Illustration : un ballon de rugby et une poupée de Freud, achetée au musée Freud de Londres, en plein dialogue devant la porte de mon bureau…