Zéro zéro zéro


«Zéro-zéro-zéro-zéro…», c’est ce que braillaient autrefois les bidasses lors de leur quille, en fin de service militaire, sur l’air de «Ce n’est qu’un au-revoir»… Mais ce n’est pas de ça que je veux vous parler.

Ça s’est passé l’autre soir : alors que je travaillais tard, je jette un oeil sur l’heure, et je vois 0:00 sur l’écran de mon ordinateur, tout en haut à droite. Juste entre le moment où les chiffres arrivent à mon esprit et celui où je réalise que c’est simplement minuit, se glisse un léger trouble.

0.00 déclenche une alerte, probablement au niveau de mes amygdales cérébrales (vous savez, ces petites zones du cerveau où sont traités les messages, à un niveau automatique et émotionnel, avant de passer par le cortex). Trois zéro, c’est comme un saut dans le néant, dans l’infini du néant. Pire que le 666 de l’Apocalypse selon Saint Jean, pire que «le nombre de la Bête» : le néant absolu…

Mais ouf, voici le 0:01 qui arrive. Je respire, je suis sauvé… Mais ça m’a fait drôle, ce microscopique instant de trouble : que de secousses émotionnelles notre esprit doit être capable d’absorber ! De la plus discrète à la plus sévère…

PS : ce genre de petits moments et de petits combats si faciles à gagner contre les superstitions absurdes, c’est ce dont souffrent, à un niveau infiniment plus intense et paniquant, nos patients anxieux souffrant de TOC (trouble obsessionnel compulsif). Je rends ici hommage à leur cran.

Illustration : l’album du groupe Aphrodite’s Child, qui avait repris le célèbre 666 pour titre…