Au revoir, les fleurs


À l’automne, les feuilles mortes tombent des arbres, et cela nous rend un peu tristes et mélancoliques : leur mort annonce la venue du froid de l’hiver, et le raccourcissement des jours.
Mais au printemps, il y a aussi la mort des fleurs de ces mêmes arbres. Elle est plus discrète à nos esprits, car elle ne sera pas suivie du froid et du gris hivernal, mais annonce les beaux jours. Alors les fleurs mortes nous touchent moins que les feuilles mortes, nous les oublions plus vite.

L’autre matin, en partant de chez moi, une bourrasque de vent à emporté une nuée de petites fleurs du Prunus sous lequel je passais. C’était beau comme tout, mais aussi doucement émouvant, ces centaines de petits pétales roses me tombant dessus et s’éparpillant alentour, détachés de leurs branches, séparés les uns des autres.

Ça me faisait penser à la fin de l’enfance : on ne s’attriste pas (enfin, moi un peu, quand même…) de ce moment où l’enfant devient adolescent. Ce n’est pas une fin, mais une transformation, on ne va pas vers du déclin mais vers de la croissance (bizarre comme ce mot a été annexé par l’économie, dur de l’utiliser dans autre un contexte…).
De même, les fleurs qui laissent la place aux fruits, ça devrait être joyeux. Et ça l’est, finalement. Mais il y a eu tout de même un petit passage sous l’aile du deuil, de la tristesse, une bouffée de spleen doux et tolérable. Discret, parfois inaperçu.

Il y a une perte de grâce, dans ce passage de la fleur au fruit. Et tout en nous réjouissant des beaux jours à venir, nous continuons d’en héberger la nostalgie.

Bon, je dis ça, mais un de ces prochains matins, dès qu’il y va faire beau et doux, je sais exactement ce qui va se passer : je vais sourire, respirer bien fort et me dire : « quelle chance d’être là ! »

PS : PsychoActif s’interrompt deux semaines à l’occasion des vacances scolaires parisiennes. On se retrouve le lundi 3 mai. Prenez bien soin de vous. Et chérissez les fleurs, les fruits, et la vie…