Comment trouver le bon rythme de vie ?
« Les hommes se distinguent par ce qu’ils montrent et se ressemblent par ce qu’ils cachent. » C’est de Paul Valéry et c’est très juste. Nous nous ressemblons, nous les humains, par de nombreux aspects, et notamment celui de nos rythmes de vie.
En musique, le rythme se définit par une alternance de temps forts et de temps faibles. Dans nos vies, c’est pareil, notre horloge biologique nous impose par exemple l’alternance de la veille et du sommeil.
Nos temps forts préparent nos temps faibles, et inversement : sans une bonne nuit, nous aurons moins d’énergie pour la journée qui suit ; et sans une journée suffisamment active et gratifiante, nous dormirons moins bien.
Bien sûr, nous pouvons bousculer un peu ces rythmes pendant quelque temps, moins dormir, avoir des journées hyperactives, bousculées et trop remplies ; mais pas trop et pas trop longtemps. Et les personnes fragiles n’ont pas intérêt à le faire.
Ainsi, quand on souffre de maladie bipolaire, respecter ses cycles veille-sommeil, ses cycles agitation-repos, etc., est un facteur de protection contre les rechutes. Et il existe une thérapie dite des « rythmes sociaux » qui a fait ses preuves dans ce domaine, en apprenant entre autres aux patients à augmenter la régularité de leurs routines quotidiennes et à mieux respecter leurs rythmes naturels.
Pour les autres, si on a la chance de n’être pas trop fragile, on peut les bousculer, ces rythmes, on peut par exemple pousser sur le curseur excitation, accélération pendant quelque temps. Ça fait du bien aussi de se lâcher dans les temps forts et d’oublier quelque temps notre besoin de temps faibles, de calme et de récupération…
Bon, après, attention à la surchauffe… Nous vivons dans une société qui nous pousse à négliger et oublier nos rythmes personnels, nos rythmes endogènes, une société qui nous pousse à l’accélération, à la multiplication des tâches, à la réduction du temps de sommeil.
Pourquoi ?
Mais parce que quand on dort, on ne sert plus à rien : on ne produit rien, on ne consomme rien ; pas bon pour le Marché, ça !
Alors, rappelons-nous que le meilleur gardien de nos rythmes personnels, c’est nous-même. Pour cela, la nature nous a doté d’un moyen simple et efficace : nos émotions.
Entre autres fonctions, elles nous rendent ce service : comme elles sont intimement liées au bon fonctionnement de notre corps, de ses besoins, de ses rythmes, elles nous font savoir ce qui va et ce qui ne va pas.
Les émotions agréables – qu’elles penchent du côté de la détente ou de l’énergie – nous indiquent que nous sommes dans le bon rythme, que nos besoins en la matière sont satisfaits, nos alternances veille-sommeil, calme-excitation, multitâche-monotâche sont à l’équilibre.
Et les émotions désagréables nous signalent l’inverse : si on est grincheux, c’est qu’on manque de sommeil ; si on est dispersé c’est qu’on a besoin de temps calmes ; si on ressent de l’ennui c’est qu’à l’inverse on a besoin d’excitation et d’accélération.
Par exemple, moi qui suis plutôt un calme, un paisible, un contemplatif, j’ai de temps en temps une envie irrésistible de danser sur les tables ou de me rouler par terre en chantant avec les copains. Mes émotions m’ont aidé à trouver mon bon rythme de vie : 80% de temps calmes, et 20% de temps rapides.
Et vous, ce serait quoi votre équation rythmique ?
Illustration : Ah, le rythme tranquille et profond d’une marche en forêt… (illustration Anu Garg & IA, 2024)
PS : cet article reprend ma chronique du 24 septembre 2024, que vous pouvez écouter ici ;c’était dans l’émission de France Inter, Grand Bien Vous Fasse.