Lumière dans la nuit
De la fenêtre de notre salle de bains, j’aperçois des maisons et des immeubles. J’y jette souvent un coup d’œil aux différentes heures du jour ou de la nuit. Avant d’aller me coucher ou en me réveillant le matin.
Eh bien, il y a là-bas, au dernier étage d’un immeuble d’habitation, une lumière qui ne s’éteint jamais ! Le jour, je ne sais pas, je ne peux pas voir, mais la nuit, elle est toujours là. Je la vois lorsque je me brosse les dents avant d’aller au lit. Je la vois lorsque je me couche tard ; à 2 ou 3 heures du matin, elle est allumée. Je la vois lorsque je me lève tôt ; à 5 heures du matin, elle est allumée. En hiver, en été, quelle que soit la saison, elle brille, solitaire, quand toutes les fenêtres du quartier sont sombres autour d’elle.
J’adore ce détail, et j’adore imaginer pourquoi : quelle histoire là-derrière ? Un enfant qui a peur du noir ? Ça brille quand même bien fort pour une petite veilleuse ; et depuis plusieurs années que j’habite ici, la lumière nocturne est là, ce serait donc une sacrée bonne phobie du noir, plus qu’une simple peur enfantine…
Alors, un adulte ? J’en ai déjà rencontré pas mal, qui avaient cette peur profonde de l’obscurité, et qui dormaient avec une lumière allumée en permanence. Sinon, attaque de panique lors des éveils nocturnes. Les patients que j’ai croisé ne venaient jamais consulter pour cela, mais pour autre chose. Pour la peur du noir, cela leur paraissait plus simple de laisser l’ampoule allumée…
Ou alors, une histoire plus compliquée ? Chapelle funéraire en souvenir d’un défunt ? Ou plus simple ? Interrupteur bloqué chez une personne souffrant de procrastination ? Laboratoire où un savant fou teste de nouveaux modèles d’ampoules ?
En tout cas, une chose est sûre : le jour où la lumière ne sera plus là, j’en ai pour des années à me poser à nouveau des questions : pourquoi la lumière n’est-elle plus là ? Que s’est-il donc passé ?
Illustration : “Coucou, voisin !” (coffret à épices égyptien du temps de Toutankhamon)