Santé sociale
L’OMS définit la santé comme un état de complet bien-être physique, mental et social (et pas seulement comme absence de maladie ou d’infirmité).
La psychologie est concernée : l’équilibre intérieur est certes important, mais à l’équilibre relationnel ne l’est pas moins. De nombreux travaux scientifiques récents ont validé cela.
Ainsi une recherche suédoise a suivi, pendant 12 ans, 368 personnes de plus de 60 ans, montrant qu’une vie sociale satisfaisante était un facteur protecteur important contre le déclin cognitif.
À l’inverse, un isolement social subi, et non choisi, s’avère un facteur de mortalité accrue, toutes causes confondues ; et de grande souffrance : voyez la fréquence des dépressions et des addictions chez les personnes souffrant de phobie sociale.
Alors, comment définir ce bien-être social évoqué par l’OMS ?
Il s’agit de se sentir bien dans ses liens, comme dans ses moments de solitude ! L’équilibre entre ces deux moments varie selon nos profils : les personnes introverties ont besoin, pour se sentir bien, de 80% de temps de solitude pour 20% de temps de liens ; pour les extraverties, c’est l’inverse.
Mais il s’agit toujours, que l’on soit seul ou en lien, de se sentir bien. En tant qu’introverti, je me définis comme un « solitaire sociable », c’est-à-dire capable de me sentir heureux seul (souvent) et heureux en compagnie (de temps en temps).
Les mécanismes du bien-être social sont multiples. La théorie du soutien social suggère que notre réseau relationnel nous offre quatre composantes :
- soutien d’estime (nous rassurer sur notre valeur et nos qualités aux yeux des autres),
- soutien matériel (recevoir leur aide concrète),
- soutien émotionnel (être consolé et réconforté),
- soutien informatif (être conseillé).
Le soutien social est un facteur de bien-être mais aussi de résilience. Il ne faut donc pas hésiter à le solliciter, en prenant garde toutefois de ne pas aller vers ses proches et connaissances que pour obtenir du soutien ! Il convient de leur en offrir aussi, et surtout de les rencontrer pour le pur plaisir (ce qui est aussi un partage émotionnel agréable, et donc un soutien mutuel !).
Autre théorie, celles des cinq cercles, qui explique que nos liens se répartissent du plus intime au plus labile en cinq strates :
- super-proches (conjoints, parents, enfants, frères et sœurs),
- proches (amis),
- relations (collègues, voisins),
- connaissances (commerçants),
- inconnus (liens brefs et souvent ponctuels).
Même si les plus grands soutiens nous sont procurés par nos très proches, nous avons aussi besoin de tous les autres. Car des relations superficielles peuvent nous faire du bien : cet ami peu fiable mais très drôle, ces sourires ou ces petits gestes d’aide de la part d’inconnus croisés dans la rue, ou à eux adressés, contribuent aussi à la santé sociale, la nôtre et celle des autres !
Le lien à autrui est donc plus qu’un plaisir : un besoin vital pour cet « animal sociable » qu’est, selon le mot célèbre de Montesquieu, l’être humain !
Illustration : une bande de potes sur le point d’aller faire une promenade.
Source : cet article a été initialement publié dans Psychologies Magazine n°445, en mai 2023.
Références :
- Naito R et al. Social isolation as a risk factor for all-cause mortality : Systematic review and meta-analysis of cohort studies. PLoS ONE 2023.
- Marseglia A et al. Social health and cognitive change in old age: the role of brain reserve. Annals of Neurology 2022.