« Tiens ta promesse, Méditation ! »

Un jour que je me promenais dans Paris, je suis tombé sur un graffiti peint à la hâte sur un mur : « Tiens ta promesse, Amour ! »

C’est drôle, la manière douce et brutale à la fois dont cette phrase m’a coupé le souffle. Je me souviens être resté plusieurs minutes à en mesurer la portée, et à en savourer la poésie impérative ; puis, ayant repris ma marche, à la laisser s’emparer de tout mon esprit. Tant de choses nous déçoivent dans la vie… Et qu’elle est magnifique, cette injonction à l’Amour, qui peut, lui aussi, lui surtout, tant nous promettre, tant nous donner et tant nous décevoir !

Parfois – à cet instant par exemple – me vient l’envie de taguer sur un mur : « Tiens ta promesse, Méditation ! »

Je ne parle pas des promesses que la méditation fait à chacune et chacun de nous : les preuves scientifiques sont désormais si nombreuses sur ses bienfaits à l’échelle individuelle que le débat est clos. Méditer fait du bien aux humains, c’est entendu et démontré. A condition de faire l’effort de la pratiquer, car ce n’est pas l’idée de méditation qui nous sauve, mais l’exercice méditatif ; il en est de même, après tout, pour l’Amour, que nous avons à faire vivre en nous chaque jour ; et pour tout ce qui compte dans nos vies.

Non, lorsque l’envie me prend de crier « Tiens ta promesse, Méditation ! », c’est à la promesse collective que je pense. Vous savez, la promesse qui répondrait à cette conviction tant de fois rappelée que rien ne changera ici-bas que nous n’ayons d’abord changé en nous-même. Cette promesse collective, je la rappelle, car il y a urgence.

Les temps que nous sommes en train de vivre – et de construire – sont à la fois passionnants et effrayants, porteurs de promesses et de cauchemars. Comme le sont toutes les époques ? Cela n’est pas si sûr, car la nôtre pourrait bien représenter une dernière étape. Tout ce que nos cerveaux humains ont produit, en quelques millénaires, nous confère aujourd’hui le pouvoir de tout détruire sur la Terre. Ces mêmes cerveaux seront-ils, en quelques années, capables de tout sauver ?

Méditer ne se limite pas à se calmer pour réfléchir dans son coin, les yeux fermés. La pleine conscience est le prélude à plus de discernement et d’engagement lucide dans l’action. Qu’elle est un détour par l’intériorité de nature à accroître notre goût pour la solidarité.

Tout ce qui se passe dans le secret de nos cœurs, tout ce qui change en nous, change aussi peu à peu les autres, les humains que nous croisons, rencontrons ou côtoyons chaque jour. Tous les regards, toutes les paroles et tous les gestes comptent. Et c’est ainsi que la méditation contribuera, peut-être, en plus de nous changer nous-même, à changer le monde ; aux côtés du courage, de la solidarité et de la lucidité – toutes qualités qu’elle contribue, aussi, à amplifier.

Car tout commence par moi ; et rien ne bougera si je ne bouge pas.

PS : ce texte est extrait de mon livre “Le Temps de méditer“.

Illustration : Une autre inscription sur l’amour, par Toqué Frères